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  L E   P A R C O U R S  
 

 

                                                                                          LA  18°  CAN  DE  L'ALGERIE

                                                                                            Un premier tour sans accroc
                                                                                              Kenya - Sénégal - Tanzanie

La CAN 2019 a commencé avec les trois victoires très serrées (1-0) de l’Egypte, du Maroc et du Nigeria face au Zimbabwe, à la Namibie et le Burundi respectivement. Marquée aussi par la victoire surprise (2-0) de l’Ouganda devant la RD du Congo. On attendait donc avec appréhension, l’entrée en lice des nôtres. Mais en s’imposant facilement (2-0) face au Kenya, notre sélection  a bien débuté sa campagne. Le mythe du « premier match maudit » a donc été battu en brèche. En effet, je le rappelle ici, en 17 participations, depuis 1968,  nous n’avons gagné que 4 fois le premier match, dont un à domicile, en 1990 !! Et contre le Kenya, cela s’est fait d’assez belle manière. Ces dernières semaines, Belmadi avait insisté sur la nécessité d’entrer dans la compétition par une victoire. Pour y parvenir, il a présenté un onze résolument offensif, entrevu lors des deux matches amicaux disputés à Doha. M’bolhi, Atal, Mandi, Benlamri, Bensebaïni, Guedioura (remplacé par Abeid) Bennacer, Mahrez, Feghouli, Belaïli ( Brahimi ) Bounedjah ( Delort ). Et il a donné des consignes strictes pour un engagement de tout instant et un jeu vers l’avant, dépourvu de dribbles et de passes stériles et inutiles. C’est en tout cas ce que nous vu sur le stade cairote, au cours d’une nuit assez clémente pour la saison.

Dès le début du match, la cohésion entre les lignes parut évidente ; deux longues balles, dans le dos de la défense kenyane, ont failli faire mouche si Bounedjah et Belaïli avaient su y faire. Les nôtres ont constamment gardé la maîtrise du ballon et des espaces, et pourtant le but tardait à venir. Cela se produira juste après la demi-heure de jeu, quand Atal, jusque-là très peu offensif a subitement décidé « d’y aller ». A l’issue d’un court raid solitaire, il entre dans la surface, réussit son premier crochet, et est brutalement fauché sur le second. Le pénalty flagrant est justement accordé par l’arbitre malien et Bounedjah se chargea de le transformer, (1-0), on jouait la 34° minute. C’était un soulagement pour tous, car si l’on apprécie la domination et le bon jeu, rien ne remplace le but qui vient concrétiser l’avantage et récompenser les efforts fournis. Moins de 10 minutes plus tard, une longue série de passes, s’achève sur la gauche, entre les pieds du jeune Bennacer, bien lancé par Belaïli dans la surface. Il va offrir un service en retrait, vers Mahrez qui marque de près, son tir étant légérement dévié par un défenseur. Deux minutes avant la mi-temps, notre sélection avait creusé l’écart et menait 2-0.

Tout à fait gourmands, nous attendions des nôtres qu’ils continuent sur leur lancée, en deuxième mi-temps et qu’ils nous régalent. Mais eux ont choisi de gérer intelligemment leur supériorité, sans jamais perdre le contrôle du match, même si les kenyans se sont bien enhardis au retour des vestiaires. Néanmoins, nos défenseurs ont conservé une concentration et une rigueur maximales, puisqu’au bout du compte, en 90 minutes, nos adversaires n’ont pas cadré un seul tir. Et dire que Sébastien Migné, coach du Kenya, qui n’avait pas apprécié que son homologue algérien  juge le Kenya comme une équipe défensive, avait promis que « Belmadi allait découvrir les qualités offensives du Kenya ». Personne n’a rien découvert !

En conclusion on peut affirmer que si  la seconde période a été moins riche, il est raisonnable de juger que nos joueurs ont fait l’essentiel en remportant la victoire, avec la manière…Il y a eu du sérieux, de l’application, de l’homogénéité entre les lignes, de la complémentarité, un bon niveau technique et très peu de « déchets ».

Après la recontre, Djamal Belmadi a déclaré : « …cela veut dire beaucoup de choses de gagner le premier match…nous avions souvent perdu… Sans minimiser ce qu’a fait le Kenya, je pense que c’est nous qui avons été bons… » Son alter ego S. Migné a reconnu « la supériorité des algériens et insisté sur la naïveté de ses joueurs en première période. »

Répondant à un journaliste sénégalais, Belmadi a précisé : « On s’attend à un match difficile face au Sénégal, le favori du tournoi… ». Le Sénégal qui, quelques heures plus tôt, sur la même pelouse, avait aisément pris le meilleur (2-0) sur la Tanzanie.

Bien évidemment les commentaires ont été favorables et parfois élogieux. Ainsi le quotidien El Watan  titre : « Les Verts, sans forcer, réussisent leur entame . » ; dzfoot.com : «  l’Algérie lance parfaitement sa CAN » ; compétition.dz : «  Les Verts réussissent enfin leur entrée ». El Moudjahid : «  Des Verts comme on les aime. » ;  Les médias étrangers ont été séduits. Lequipe.fr titre : « l’Algérie impressionne face au Kenya…poursuivant ensuite par «…ils ont affiché une qualité technique, une envie et un état d’esprit remarquables. » Francefootball.fr : « L’Algérie sur les bons rails…l’Algérie démarre efficacement ». Enfin rfi.fr : «  Les Fennecs ont tenu leur rang ».

La compétition s’est poursuivie dans les autres groupes et l’on peut retenir que le Ghana a été accroché (2-2) par le Bénin, de même que la Tunisie (1-1) face à l’Angola. En même temps, l’Egypte et le Nigeria ont déjà, après 2 matches, assuré leur présence en 1/8° de finale.
Avant Sénégal-Algérie, Djamal Belmadi a déclaré qu’il s’agissait d’un « match important mais pas décisif ». Les observateurs, eux, l’ont présenté comme le premier choc de cette CAN…Si Belmadi n’a rien changé au onze qui avait débuté le premier match contre le Kenya, son homologue Aliou Cissé a enregistré le retour de son meilleur joueur Sadio Mané, la star de Liverpool. Il a, cependant, dû faire face à l’absence pour, blessures, de trois de ses titulaires.

Cette rencontre constituait le 100° match officiel de l’Algérie en terrain neutre. C’était, rappelons-le aussi, le troisième duel consécutif dans une phase finale de CAN, sur un total de quatre. Il va débuter sur les chapeaux de roue, grâce à Sadio Mané qui, dès la 5° minute, échappe à Atal, sur le flanc gauche, mais son centre en retrait ne trouve pas preneur. Une chaude alerte et un avertissement ! Mais dans la minute qui suit, Bennacer répond, là aussi sans résultat tangible. Les choses vont se calmer, même si l’on constate que les sénégalais semblent être mieux entrés dans le match, au milieu et avec Keita Baldé à droite. La balance va bientôt s’équilibrer avant de pencher en faveur des algériens dont le pressing très haut commence à porter ses fruits, puisque l’on n’a plus revu ni Mané, ni Baldé, encore moins Niang, quelque peu noyé au milieu de la défense algérienne. En effet, Bennacer, Feghouli et Guedioura s’étaient emparés des rênes du milieu, pour ne plus les lâcher jusqu’à la mi-temps. Par voie de conséquence, les incursions les plus dangereuses seront à mettre à l’actif des algériens par l’intermédiaire de Bounedjah, deux fois et par Belaïli. Tout en reconnaissant que cette première période nous a « laissés sur notre faim ». Il y a eu des actions brouillonnes et plusieurs imprécisions.

Les débats ont repris tambour battant, avec deux récupérations hautes du ballon par les algériens. Une très belle action offensive s’amorce, sur la droite ; elle s’achève par un bon tir de Feghouli légérement hors du cadre. Immédiatement, sur la remise en jeu du Sénégal, Atal subtilise le ballon et un nouvel enchaînement se déclenche via Mahrez qui lance Feghouli, momentanément installé dans sa zone traditionnelle de prédilection, sur le flanc droit. Il déborde son vis-à-vis et centre bien en retrait, au niveau de l’entrée de la surface, où se trouve Belaïli. Celui-ci prend le temps de contrôler et adresse un tir très puissant qui va se loger dans les buts sénégalais. 1-0. On jouait la 49° minute. L’adversaire qui a perdu la bataille du milieu et beaucoup de ballons, s’avère incapable de retrouver ses esprits. L’aisance collective des algériens se confirme et Si Mahrez avait été plus précis et avait moins tardé à transmettre le ballon, l’addition aurait été plus salée. Lui-même va frôler le poteau, après un raid solitaire à la 71° minute, cependant que Bounedjah tire à côté.

Besoin de souffler, fatigue ? Immanquablement et naturellement, les algériens vont peu à peu céder du terrain à leurs adversaires qui n’en profitent vraiment pas. Pas d’occasions franches, si l’on excepte un nouveau raid de Mané qui se termine en corner, mais surtout à la 79° minute un tir très puissant du défenseur Sabaly que M’bolhi renvoie difficilement…sur la reprise de la tête de Diagne, laquelle finit sa course dehors. Il faut avoir l’honnêteté de dire que les sénégalais auraient pu bénéficier d’un pénalty, en faveur de Sadio Mané, pris en sandwih, dans la surface et également, que Benlamri a, par miracle, échappé au carton rouge, car beaucoup d’autres arbitres l’auraient probablement expulsé pour un double carton jaune. Mais Mr Sikazwe, l’arbitre zambien, a répondu par de vigoureux et visibles « no » aux réclamations des joueurs sénégalais ! Parlons-en justement de Mr Sikazwe. Lors de l’annonce de sa désignation, plusieurs  medias algériens ont rappelé son passé, à la fois ancien et récent, peu reluisant. Ils étaient inquiets à propos de sa future prestation. Dernièrement en effet, en Novembre 2018, il avait été suspendu par la CAF, pour soupçon de corruption, avant d’être réhabilité et réintégré dans le circuit, quelques mois plus tard.

Le contentieux avec la sélection algérienne, lui, remontait au 12 octobre 2013, lors d’un match de qualification, pour la Coupe du Monde 2014, à Ougadougou, face au Burkina Faso, quand il avait accordé, aux burkinabés, un pénalty tout à fait imaginaire, leur permettant de remporter la victoire (3-2). A l’époque, dans le chapitre consacré à cette période, j’avais bien détaillé ce développement douteux. Bref. Je doute fort qu’au Caire, où il se trouve, Mr Sikazwe a pu lire les commentaires acerbes des algériens. Mais il est utile d’affirmer que face au Sénégal, il n’a en rien lésé les algériens. Bien au contraire, ce sont les observateurs et médias sénégalais qui l’ont accablé.

Pour en revenir au football, disons, que dans ce match fermé, où les combats physiques n’ont pas manqué, les joueurs algériens ont pris le dessus. Ils sont même parfois allés au-delà. Ils ont ainsi causé 34 fautes contre 18 pour le Sénégal. En  réalisant une prestation solide et en exerçant un pressing  incessant et efficace, ils ont gagné la bataille tactique, d’un match qui s’est joué à partir du milieu. Dans ce secteur, le trio Bennacer, Feghouli, Guedioura, déjà cité, a dominé les débats, récupéré beaucoup de ballons et pu alimenter ses attaquants. Certes, comme l’a indiqué Belmadi, ce n’était qu’un deuxième match de groupe. C’est vrai ! Mais ce n’est pas rien non plus et ce, pour plusieurs raisons :

  1. Il s’agissait de la première défaite, en 4 ans, du Sénégal en match officiel, contre une autre sélection africaine
  2. C’était là aussi la première défaite du Sénégal en match officiel, depuis celle, il y a un an, face à la Colombie, lors de Russie 2018
  3. Le Sénégal est la première nation africaine dans le classement FIFA. L’Algérie n’est que 12°
  4. C’est la première fois, depuis 1990, que notre sélection arrive à enchaîner 2 premiers succès, lors d’une phase finale de CAN, et se qualifie si tôt pour les 1/8° de finale
  5. Depuis qu’il dirige la sélection, c’est pour Belmadi le 8° match consécutif, sans défaite.
  6. Et pour stimuler le moral, rien ne remplace la dynamique de la victoire

Le soir même, le Kenya battait la Tanzanie (3-2), un résultat qui signifiait que, quel que soit le résultat de notre troisième match contre ces derniers, notre sélecttion est assurée de terminer première de son groupe. Une position qui, elle aussi, offre divers avantages.

  1. Celui de rencontrer un des meilleurs troisièmes
  2. Celui de rester jouer dans le même stade du Caire
  3. Celui de disposer de 5 jours de repos à l’issue de la phase de groupes (1er Juillet), avant son 1/8° de finale programmé pour le 7 Juillet

Evoquons justement ce 3° et dernier match du groupe C face à la Tanzanie, déjà éliminée et dont les deux derniers matches, face à l’Algérie se sont soldés par deux défaites (7-0) en 2015 et (4-1) en 2018. Belmadi va-t-il « faire tourner » ses troupes ? Il  l’a laissé entendre san rien confirmer. Lors des deux rencontres précédentes, il a utilisé les services de 15 joueurs. Il en reste donc 8 (dont 2 gardiens de but) à sa disposition qui n’ont  pas joué une seule minute. Avec la longue préparation et la chaleur ambiante, il est sûr qu’une pause serait la bienvenue pour quelques uns des organismes. En même temps et en examinant attentivement la programmation, le manque de rythme risque de peser lourd pour ceux qui resteraient sans jouer du 27 juin au 7 Juillet, 10 jours exactement. Nous informons, nous commentons, c’est au sélectionneur de faire les choix !

Revenons sur les commentaires d’après match. Les deux sélectionneurs : Aliou Cissé : « C’est un avertissement…nous méritions le match nul… » Djamal Belmadi : « On espérait gagner, pour cela il fallait être bien préparé avant tout tactiquement…..Ce n’était pas aisé de battre le Sénégal, peu d’équipes le feront…  C’est le match référence que l’on a joué contre l’équipe du moment. »
Médias algériens  : Liberté : «  Les Fennecs terrassent les Lions de la Teranga » ;  El Watan : «  La première grande performance depuis 1990 » ;  El Moudjahid : «  Les verts ont mangé du lion » ; Compétition.dz : «  Avec un état d’esprit positif, l’énorme envie des Verts » ; Le buteur.com : «  L’Algérie décroche un précieux succès et se qualifie pour les 1/8° de finale » ; dzfoot.com : « L’Algérie domine le Sénégal et se qualifie pour les 1/8° de finale »
Médias étrangers :  Rfi.fr : « Une Algérie solide s’offre un Sénégal peu inspiré » ; Francefootball.fr : « L’Algérie éteint le Sénégal » ; L’Equipe.fr : « L’Algérie envoie un message à l’Afrique .»

L’Algérie et la Tanzanie ne se sont jamais affrontées lors d’une phase finale de CAN. Le bilan général des rencontres, 9 à ce jour, 7 officielles et 2  amicales, est largement favorable à notre sélection : 5 victoires, 3 nuls et 1 défaite. Une seule rencontre officielle a eu lieu en terrain neutre, il y a très longtemps, en 1973, lors des Jeux africains de Lagos, laquelle s’était achevée par un succès des nôtres sur le score de 4-2. L’opposition la plus récente est un match amical disputé en Mars 2018 à Alger et gagné 4-1 par l’Algérie. Ici dans cette CAN 2019, la Tanzanie a perdu ses deux premiers matches. Belmadi ne se fie pas pour autant et il a recommandé à ses joueurs la rigueur et le sérieux pour gagner cet ultime duel du groupe. La question qui se pose, je l’ai abordée plus haut, est de savoir avec quel onze, Belmadi espère-t-il continuer sur sa lancée victorieuse ? Nous aurons la réponse lundi soir, une heure avant le coup d’envoi de 20 heures. Ce n’est pas un pari, mais je reste persuadé qu’il y aura du changement par rapport aux deux matches qui ont précédé.

Et c’est finalement un profond remaniement du onze de départ qui a été effectué par Belmadi pour remporter une belle victoire 3-0 face à  la Tanzanie.  Pas moins de 9 changements, en effet, par rapport aux titulaires des deux premiers matches. C’est courageux de la part du sélectionneur. Certes, sur le plan comptable, rien n’était en jeu, mais sur d’autres plans cela « fait désordre » de perdre, après la très bonne impression laissée jusque là. Cela prouve aussi la confiance que Belmadi a en ses joueurs qu’il connaît parfaitement et sait ce dont ils sont capables.

L’équipe, sur le terrain, était la suivante : M’bolhi, Zeffane, Tahrat, Halliche, Farés, Boudaoui, Abeid (remplacé par Bounedjah) Bennacer (Guedioura) Ounas (Mahrez R.), Slimani I., Delort. Il ne leur aura fallu que 45 minutes pour plier l’affaire, après avoir fait forte impression,à la fois, sur les plans collectif et individuel.  Départ en trombe impressionnant pour Delort qui dès la 3° minute, déboule avant de décaler Boudaoui à droite. Malheureusement celui-ci croise trop son tir qui passe à côté. Quatre minutes plus tard, Delort, à nouveau, d’un extérieur astucieux, du pied droit, sert Slimani en profondeur dans la surface. Slimani devance défenseur et gardien de but qui va l’envoyer à terre. Mais le ballon glissé habilement, n’arrive pas jusqu’aux buts. D’ailleurs sur cette action, il y avait pénalty du gardien sur Slimani. Toutefois, l’arbitre n’a rien sifflé et les algériens n’ont rien réclamé. Encore 5 minutes et revoilà Delort qui sert Slimani. Malheureusement, celui-ci, pourtant bien placé, ne parvient pas à contrôler le ballon qui va se perdre en ligne de fond.

Toujours dans le même secteur, Ounas, en position favorable, gâche une belle occasion d’ouvrir le score. Ensuite, un très beau tir de Bennacer est difficilement renvoyé par le gardien tanzanien.Ounas essaye de décaler Zeffane, sur le flanc droit mais la passe n’arrive pas à destination. Le pressing haut des algériens ne se dément pas, même si une incursion des tanzaniens leur permet d’obtenir un coup franc, renvoyé par le mur algérien. L’instant d’après, c’est le capitaine Samatta qui sera pris dans le piège du hors jeu.

Ounas n’avait pas trouvé Zeffane, mais 5 minutes plus tard, il va parfaitement servir Slimani, bien démarqué dans l’axe, entre deux défenseurs. Ce dernier réussit son contrôle et s’élance vers la surface, poursuivi par les deux défenseurs. Du plat du pied droit, il va facilement ouvrir la marque, dix minutes avant la pause. Quasiment une copie conforme du but  inscrit en Coupe du Monde 2014, face à la Corée du Sud. 35 minutes et 1-0.
Encore quelques minutes et voici Ounas qui initie une nouvelle attaque, sur la gauche. Le une-deux avec Slimani est parfaitement exécuté et Ounas n’a aucune peine à glisser le ballon dans les filets. Il inaugurait ainsi son compteur buts à l’occasion de son septième match international. 2-0 à la 39° minute. Ounas en feu, après un début hésitant, poursuit son one-man show. Avec ses dribbles et sa vitesse, il a dérouté les défenseurs tanzaniens. Dans le temps additionnel de la première période, il  va couronner cette belle prestation en échappant à tout le monde avant de dribbler le gardien de but pour s’offrir son premier doublé. 3-0 à la mi-temps, c’était bien payé pour des tanzaniens véritablement débordés.

Le travail était fait et bien fait. La seconde période a été anecdotique et à la limite ennuyeuse. Avec les remplacements effectués, notre sélection a terminé le match, à la mode brésilienne de 1958 en 4-2-4. Tour à tour Slimani et Bounedjah vont rater deux bonnes occasions d’aggraver la marque. Boudaoui, lui, avait raté l’ouverture du score à la 3° minute, il va encore rater sa clôture à la 92° minute, en croisant beaucoup trop son tir, une fois encore. Cela ne ternit en rien les très grandes qualités que ce jeune de 19 ans a étalées  au milieu de terrain, pour son premier match officiel avec la sélection. Signalons enfin, que les tanzaniens ont tout de même fini très fort, par trois belles actions offensives qu’ils n’ont pas su concrétiser.

Trois matches, trois victoires, cela rappelle 1990, mais en mieux puisqu’en 2019 aucun but n’a été encaissé. Belmadi a remercié et félicité ses joueurs « les garçons ont été superbes » a-t-il déclaré. Il met désormais le cap sur le prochain 1/8° de finale, face à une des 4 meilleures équipes classées troisièmes, un match couperet, de 90 ou 120 minutes, pour lequel, il faut dit-il  «  bien se préparer sur le plan psychologique ». Le futur adversaire ne sera pas connu avant la fin de tous les matches de groupes. Mais l’on pense qu’il pourrait s’agir de la RD du Congo ou de la Guinée, en ce moment en tête des meilleurs troisièmes.
Dans les autres groupes, on a noté des résultats serrés mais conformes à une certaine logique, à l’exception de la sensationnelle Madagascar, participant pour la première fois à une phase finale de CAN et qui a réussi l’exploit de terminer en tête du groupe B après avoir pris le meilleur (2-0) sur le favori Nigeria.

Le premier tour, celui de la phase de groupes, s'est achevé sans aucune élimination surprise, mais avec la présence tout à fait inattendue de Madagascar. On a compté un ensemble de 36 matches, soit 4 de plus que les CAN précédentes à 16 équipes et qui totalisaient 32 matches du début jusqu'à la finale. Atteinte elle aussi de gigantisme, la CAN, nouvelle version, n'a été ni spectaculaire, ni riche en buts. Les choses s'amélioreront avec les chocs des huitièmes de finale qui n'autorisent pas les calculs et quelques uns promettent beaucoup.

Un premier tour, enfin, qui a valu, à notre sélection, deux belles distinctions de la part de la CAF: Ismaël Bennacer, élu meilleur joueur et Djamal Belmadi, élu meilleur entraîneur.

                                                                                     Une vieille connaissance pas commode
                                                                                                        Algérie - Guinée

Pour le prochain round, notre sélection a hérité de la Guinée, classée troisième du groupe B et une vieille connaissance qui nous a, toujours et depuis longtemps, posé des problèmes. Une des rares sélections africaines à avoir pris le meilleur sur nous, aussi bien à domicile que chez elle, ou en terrain neutre, lors de rencontres officielles ou amicales.Les revers de l'Algérie, face à la Guinée, ont commencé en 1968 et 1972, quand elle nous avait barré la route des Jeux de Mexico puis de la Coupe du Monde 1974. Et cela a repris en 2007, avec une défaite 0-2 à Alger, synonyme d'élimination de la CAN 2008. Ce n'est guère mieux pour les rencontres amicales disputées en Algérie, dont le bilan est de deux victoires, un nul et deux défaites. En ce qui concerne les oppositions algéro-guinéennes, lors d'une phase finale de CAN, on recense une victoire (1-0) de l'Algérie en 1980, contre une victoire de la Guinée (1-0) en 1998. Cela nous donne un bilan général de 4 victoires algériennes, 4 matches nuls et 6 victoires guinéennes, sur un total de 14 confrontations.

Par ailleurs, pour sa qualification pour la présente CAN, la Guinée avait réussi un bon parcours, terminant ses 6 matches, sans aucune défaite,en tête de son groupe, devant la Côte d'Ivoire. Une trajectoire positive, il faut le reconnaître, qui n'a ,toutefois pas été confirmée ici, en Egypte, avec la courte défaite (0-1) face au Nigéria et surtout le partage de points (2-2) concédé, face à Madagascar.Et c'est sa victoire (2-0) sur le Burundi qui lui aura permis de passer en tant que meilleur troisième.

Le talent individuel n'a jamais fait défaut en Guinée et ce, depuis toujours.C'est encore le cas aujourd'hui. L'expérimenté gaucher, Ibrahima TRAORE (Borussia Moenchengladbach), 31 ans, depuis 10 ans en Bundesliga, les jeunes Amadou DIAWARA (Naples FC), François KAMANO (Bordeaux) et Naby KEITA (Liverpool) en sont le meilleur exemple. Il n'y a plus de secrets de nos jours et ainsi Belmadi et ses joueurs savent tout cela. Ils savent donc qui ils vont retrouver sur leur chemin. Ils sauront se préparer en conséquence. Le match est programmé pour le 7 Juillet,en soirée au Caire, dans un stade et sur une une pelouse où l'Algérie a déjà joué deux fois et que les guinéens vont découvrir, eux, qui ont disputé leurs trois matches à Alexandrie.

Après quatre huitièmes de finale, disputés vendredi 5 et samedi 6 Juillet, nous avons déjà enregistré, deux énormes sensations, d'abord l'élimination du Maroc, par le Bénin.après une prolongation et les tirs au but (1-1 et 1-4 tab) . Un Bénin qui, en 4 participations aux phases finales de la CAN, n'a jamais gagné un seul des 13 matches disputés (8 défaites et 5 matches nuls). Face à une sélection marocaine que, beaucoup avaient classé parmi les favoris de la présente CAN, après son parcours sans faute du premier tour ( 3 victoires en autant de matches, sans encaisser le moindre but). Le Maroc qui n'a pas su concrétiser les nombreuses occasions, et s'est même " permis le luxe" de rater un pénalty dans les arrêts de jeu du temps réglementaire.

Ensuite et encore plus inattendue, aura été l'élimination du pays hôte, l'Egypte, grandissime favori de la compétition et lui aussi auteur d'un sans faute en phase de poules. Le premier et unique but encaissé lui a été fatal, face à une sélection de l'Afrique du Sud qui ne s'est pas recroquevillée en défense et qui n'a pas non plus été intimidée par la présence de 75 000 supporteurs égyptiens. Voici donc des pays classés troisièmes qui "sortent" ceux classés premiers! Le monde à l'envers ? Non! Le vrai charme du football qui voit "les petits dévorer les grands". Un troisième éventuel favori, le Cameroun, tenant du titre, a été également éliminé, mais petite consolation, ce fut par le Nigeria et non pas face à un outsider ou un "sans-grade". Et chacun de se demander, "à qui le tour"?

Pour les nôtres, le décor est planté. Comme je l'ai dit plus haut, ils savent à quoi s'en tenir. A ce sujet, la veille de la rencontre, Djamal Belmadi a été à la fois serein et catégorique : " Nous savons que la Guinée posséde de meilleures statistiques dans nos précédentes confrontations.... Ce huitième de finale est une petite finale qu'il faut gagner, nous nous y préparons depuis que nous avons connu l'identité de notre adversaire... Si la Guinée nous élimine c'est qu'elle aura été meilleure que nous, mais pour nous éliminer, la Guinée devra être très forte..." Paul PUT, son homologue belge, qui dirige la sélection de Guinée et qui connaît bien l'Algérie, pour y avoir travaillé, a reconnu la supériorité du futur adversaire ... " L'Algérie est meilleure que nous, elle pratique un football moderne...ajoutant, " on sait que nous devons être à 200% pour gagner face aux algériens..."

Finalement, il n'y a eu ni sensation, ni coup de tonnerre. L'Algérie était supérieure, elle a battu aisément la Guinée (3-0), pour rejoindre les quarts de finale. Le onze, présenté par Belmadi au coup d'envoi, était celui qui semble devenu le onze de base, le même que lors des deux premiers matches de la phase de groupes. M'bolhi, Atal, Mandi, Benlamri, Bensebaïni, Guedioura, Feghouli, Bennacer, Mahrez, Bounedjah, Belaïli. Les guinéens étaient privés de leur star, Naby Keita, définitivement forfait. Ce sont eux qui prendront le meilleur départ, face à des algériens plutôt hésitants, sans toutefois aucune menace précise ou directe sur les buts de M'bolhi. Ceci, si l'on excepte la mésentente survenue, à la 4° minute, entre Bennacer et M'bolhi, dont l'attaquant de pointe Kante n'a pas su profiter.

Les algériens vont bientôt "faire démarrer la machine", lorsque Bounedjah (10'), bien lancé en profondeur, ne peut redresser son tir qui n'est pas cadré. Deux minutes plus tard, sur une action similaire, il va marquer dans la lucarne. Un but refusé pour un hors jeu douteux. La pression ne se dément pas. En effet, après encore quelques minutes, Bounedjah, réceptionne un bon service de Guedioura dans la surface. Il réussit un bel amorti de la poitrine pour se préparer un plat du pîed qui, malheureusement, ira se perdre au dessus des bois gardés par I. Koné. Un gros ratage ! Ensuite, sur un long ballon, au second poteau, consécutif à un corner, c'est Bensebaïni qui va effectuer (23') une reprise de volée acrobatique, que le gardien guinéen repousse en corner. Qu'à cela ne tienne! Car, aussitôt, Belaïli, sur son flanc gauche, gagne une touche. Il l'exécute lui-même immédiatement vers Bensebaïni, qui remise. Belaïli file en diagonale vers les buts en sollicitant le une-deux, avec Bounedjah, en pivot. La talonnade de ce dernier est parfaite et Belaïli, bien lancé, va, malgré un angle très réduit, réussir à ouvrir la marque, en logeant le ballon dans le petit filet le plus éloigné. Le gardien s'est bien détendu. En vain ! Un petit bijou technique ! 1-0 à la 24° minute. Avantage indiscutable.

Les guinéens accusent le coup et les algériens vont se permettre de souffler. Il se passera peu ou si peu de chose jusqu’à la pause. La reprise verra les guinéens s’enhardir et dominer la possession du ballon. C’est le moment (55’) où ils vont enfin réussir leur premier tir cadré de la partie. Un shoot très puissant de Mady Camara que M’bolhi sera contraint de détourner en corner. La réplique des nôtres est immédiate. Ayant reçu le ballon, sur le flanc gauche, Bennacer va échapper aux défenseurs guinéens surpris. Et au moyen d’une longue et belle transversale, il va servir Mahrez, tout à fait de l’autre côté du terrain. A l’entrée de la surface, ce dernier réussit un contrôle orienté parfait qui lui ouvre la porte du but adverse. Il finira le travail d’une belle frappe du pied gauche qui ne laisse aucune chance au gardien de but guinéen. 2-0. On jouait la 57° minute, le break était là.

Moins de dix minutes plus tard, Bounedjah, tout en puissance, déborde sur la droite et peut servir idéalement Mahrez, lequel malheureusement est trop court et sa reprise du pied droit est arrêtée par le portier adverse. Les guinéens réagissent par des actions offensives bien coordonnées, mais une seule, s’achèvera par un tir, d’ailleurs non cadré. Atal qui avait débuté difficilement son match, perdant le ballon sur ses deux contre attaques, semble avoir repris « du poil de la bête » et désormais, il domine carrément le flanc droit en s’appuyant plusieurs fois sur Mahrez. Et à la 82° minute, il dérobe la balle à un adversaire et sollicite Mahrez, tout en se lançant vers l’avant. Il recevra un service parfait qu’il n’aura même pas besoin de contrôler pour adresser à son tour une transversale à ras de terre en direction des 5m50. Bounedjah est trop court, mais derrière, Ounas reprend puissament du pied gauche pour inscrire le 3° but de la soirée. 3-0 ! Un Adam Ounas, entré en jeu, six minutes plus tôt, à la place de Belaïli. Il marquait là son 3° but de la compétition. Co-leader, pour l’instant, des meilleurs buteurs du tournoi en compagnie d’Odion Ighalo (NGA), Cedric Bakambu (RDC) et Sadio Mané (SEN), en n’ayant joué que 88 minutes, en 2 matches.


Après ce but, il n’y a plus rien à faire, sinon gérer les minutes qui restaient. Les guinéens, eux, courageux et volontaires, essayeront encore, toujours à partir de la gauche. Ils présenteront une bonne séquence de domination, mais leurs centres ne constituent aucun danger sérieux ou manquent de précision, ce qui a permis à M’bolhi d’en capter facilement au moins six. Bangoura, le dernier à être entré en jeu sera aussi le dernier à reprendre de la tête, à la 89° minute, un corner, qui finira légérement au dessus de la transversale des buts de M’bolhi.

Quatre matches, quatre victoires, 9 buts inscrits, zéro encaissé, encore une prestation solide et sérieuse de notre sélection qui a su priver de ballons son adversaire, en le pressant très haut et en l’empêchant de créer un quelconque danger. Ils ont joué et se sont fait plaisir. Ceci dit sans omettre de noter que Benlamri a été irréprochable et que la performance de Guedioura a été largement en dessous de ses  précédentes sorties. Bounedjah, généreux, sans cesse en mouvement, voulait tellement marquer qu’il s’est montré parfois très impatient et est tombé 5 fois dans le piège du hors jeu. Les portes des quarts de finale étaient ouvertes. Et 24 heures d’attente furent nécessaires avant de savoir que l’adversaire serait  la Côte d’Ivoire qui a battu le Mali 1-0. Un « remake » de 2010 et 2015. On en reparlera !


Les commentaires des médias nationaux : Lebuteur.com : «  Les Verts écrasent tout… » Compétition.dz : « Les Verts déjouent tous les pièges. » dzfoot.com : «  L’Algérie s’est imposée avec brio en dominant la Guinée » El Watan : « Les Verts déroulent et filent vers les quarts »
Ceux de certains medias étrangers : L’Equipe (France) « L’Algérie, en mode rouleau compresseur, se qualifie pour les quarts… » France football.fr : «  L’Algérie passe tranquillement en ¼…la Guinée étouffée … » rfi.fr : « L’Algérie punit la Guinée et attend le Mali ou la Côte d’Ivoire… » Lemonde.fr : » L’Algérie a confirmé qu’elle était bien une prétendante au titre… » Marca.com (Espagne) : « L’Algérie continue de tout renverser en Coupe d’Afrique… Elle se qualifie…Elle envoie un message fort aux autres participants… » fifa.com (version anglaise) : « L’Algérie taille la Guinée en pièces et avance en quarts… »
Djamal Belmadi s’est déclaré « très content de la victoire et de la performance de ses joueurs….Il y a longtemps qu’on dit qu’on est là pour réaliser ce que personne ne croit peut-être. Nous on y croit… ça ne coûte rien d’être ambitieux…c’est gratuit…même si les objectifs sont très élevés… il se peut qu’on ne les atteigne pas, mais on aura tout fait pour les atteindre. » Paul Put, le coach de la Guinée a admis : « L’Algérie nous était supérieure…elle méritait sa victoire. »

 

                                                                            Un quart de finale pour régler des comptes
                                                                                             Algérie - Côte d'Ivoire

Pour jouer son prochain quart de finale, notre sélection devra quitter son cocon cairote où elle était installée depuis 3 semaines, afin de se rendre à Suez, la ville du célèbre canal du même nom, située à moins de deux heures de route, à l’est de la capitale du pays, en vue de retrouver la Côte d’Ivoire. Une vieille connaissance, quasiment la doyenne africaine des rencontres officielles de l’Algérie, dans notre continent. Cela a commencé en 1965, à l’occasion des Jeux africains de Brazzaville. Pour les rencontres officielles au nombre de 15, l’avantage est en faveur des ivoiriens, avec 7 victoires, 4 nuls et 4 défaites. Pour le compte des phases finales de CAN, il y eut 7 rencontres et là aussi les statistiques sourient légérement à la Côte d’Ivoire qui totalise 3 victoires, contre 2 défaites et 2 matches nuls. Pour être plus précis, et parler de rencontres récentes, ce nouveau rendez-vous, au niveau des quarts de finale, sera le 3° du genre. Et là l’équilibre est absolu. Une victoire pour l’Algérie en 2010, une victoire en 2015, pour la Côte d’Ivoire, futur vainqueur de cette même CAN.  Pour en finir avec les chiffres, soulignons que le bilan général de toutes les rencontres, y compris les matches amicaux, est étonnamment et incroyablement tout à fait égal. Pour un total de 21 matches, on enregistre 7 victoires pour chaque équipe et 7 matches nuls. Sans oublier que l’égalité est également présente pour les buts marqués et ceux encaissés, au nombre de 25. C’est très particulier pour être signalé.Tout cela, bien sûr, à titre indicatif, car les temps changent, les hommes se succédent, les matches se gagnent sur le terrain et aucun ne ressemble à l’autre.

Ce Côte d'Ivoire - Algérie de CAN 2019, joué dans le petit stade de la ville de Suez, fut un quart de finale, digne de ce nom. Du spectacle, du beau jeu, des rebondissements, une très grande intensité et quelques actions d'éclat de chaque côté. Le début du match est dominé par les ivoiriens qui, dès la 6° minute, se manifestent par Max Gradel, auteur, depuis la gauche d'un tir enroulé, que M'bolhi arrive à détourner sur son poteau. Une seconde alerte interviendra, une minute plus tard par Kodjia qui n'a pas su conclure alors qu'il était bien servi, par Zaha, dans la petite surface. Ensuite, lancé en profondeur, Feghouli, se "mélange les pinceaux" et oublie le ballon derrière lui, au moment d'entrer dans les 16 mètres adverses. Les algériens ont desserré l'étreinte. Juste avant le quart d'heure de jeu, Mahrez quitte son flanc droit pour se diriger vers l'axe de la défense ivoirienne. Il prend de vitesse les défenseurs, pour armer son tir, lequel ne sera malheureusement pas cadré. Poursuivi, dans sa course par trois ivoiriens, il n'a pas servi Bounedjah complétement démarqué, seul, face aux buts.

Quelques instants plus tard, Feghouli au moyen d'une longue balle, bien précise, alerte sur la gauche Bounedjah qui va gagner son duel. Attaquant et défenseur se retrouvent à terre. Et c'est Bensebaïni, venu de derrière, qui va en profiter. Il s'empare du ballon, pénétre dans la surface et va exécuter un centre parfait vers Feghouli, qui reprend du pied gauche et ouvre la marque à la 20° minute. Immédiatement après, Feghouli, encore lui, lance Atal, sur l'aile droite. Ce dernier déborde, mais au moment de centrer, il est littéralement "descendu" par Kanon,tellement violemment, qu'il va "atterrir" en dehors des limites du terrain. Et la chute sur son épaule droite apparaît aussitôt très grave. C'était là une action qui nécessitait la consultation du VAR, inauguré pour ces quarts de finale, pour un possible pénalty. L'arbitre éthiopien n'a pourtant rien sifflé, ni rien consulté !! Atal, lui, visiblement gravement touché, demande le changement. il est remplacé, à la 30° minute, poste pour poste, par Zeffane. On ne le reverra plus. Le lendemain, les examens approfondis vont diagnostiquer une fracture de la clavicule. Il est donc définitivement forfait pour le reste de la compétition.

Menant au score, les algériens vont se contenter de faire tourner la balle. Peu avant la pause, Mahrez, retente une nouvelle percée vers le centre. Il veut tirer, mais il est contré. Là encore, Mahrez a manqué de lucidité , car Feghouli s'était habilement démarqué sur la droite. Mahrez ne l'a pas aperçu!! M'bolhi,enfin, va se mettre en évidence, sur une belle frappe de Gradel et ce, juste avant la mi-temps.

Le thermomètre qui indiquait 36° au coup d'envoi, ne semble pas avoir amorcé de descente et les joueurs sont là pour la reprise. Une reprise fulgurante pour les algériens. En effet dès la première minute, Zeffane récupére un ballon perdu dans sa zone. D'un long centre aérien , il va solliciter Bounedjah en profondeur. Son vis à vis de défenseur est battu et Bounedjah entre dans la surface, où il sera abattu par le gardien ivoirien Gbohou, qu'il a tenté de contourner. Un pénalty, aussi " gros qu'une cathédrale", comme disent les espagnols. Et que fait l'arbitre Tessema? Il consulte verbalement la VAR !! Vraiment indécent ! Bien entendu, la VAR confirme la faute. Et Bounedjah, d'autorité, s'empare du ballon, pour se faire justice. Tout à la fois, énervé et impatient, il va complétement rater son tir qui frôle la barre transversale et se perd derrière les buts. Cela ne servait à rien de se tenir la tête. il venait de gâcher une occasion impayable qui signifiait un 2-0 sans prix. Une occasion ratée qui, immanquablement, va servir les intérêts des ivoiriens, "requinqués" pour la circonstance. Et ils ne vont pas s'en priver. Kodjia, bien servi par Gradel, met M'bolhi à l'épreuve. Ce dernier détourne au dessus. Comme prévu, les ivoiriens sont plus présents, face à des algériens quelque peu dérangés par le pénalty raté. Ils arrivent à bouger, à échanger le ballon entre eux, à dribbler leurs adversaires. Et à la 62° minute, Zaha échappe à Bensebaïni et sert Kodjia, que personne n'attaque. Son tir précis du pied gauche va se loger dans le petit filet de M'bolhi, impuissant. L'Algérie venait d'encaisser son premier de la présente CAN, après un peu plus de 420 minutes de jeu. Tant mieux. L'essentiel me disais-je à ce moment-là, c'est que ce ne soit pas le signal de notre élimination future. Ce qui était arrivé au Maroc et à l'Egypte, éliminés dès le premier but encaissé !!

Aussi bizarre que cela paraisse, au lieu d'abattre les algériens, ce but va les relancer et ils vont se créer les plus grosses occasions. Bounedjah, sur coup franc, n'est pas capable de reprendre de la tête. Volée acrobatique de Bensebaïni. Enfin à la 69° minute, Mahrez servi par Bounedjah, croise bien son tir du pied droit. Tout le monde voyait déjà le ballon au fond des filets, quand Bagayoko, sorti de nulle part, réussit un étonnant et courageux sauvetage qui envoie la balle en corner. Courageux parce qu'il risquait fort de marquer contre son camp. Bien servi par Belaïli, Bounedjah bute sur le gardien. Un gardien que les ivoiriens pourront remercier, tant il a été présent face aux tentatives algériennes. Slimani, en remplacement de Bounedjah, se montre très présent physiquement et techniquement. De son côté, à peine entré sur le terrain à la place de Mahrez, visiblement à bout, un intenable et surtout très frais Ounas, va troubler la défense des ivoiriens. Ibrahim Kamara, lui, va sortir Kodjia et Zaha pour faire entrer Cornet et Bonny. La fatigue se fait sentir dans les rangs des deux formations. La prolongation de 30 minutes semble inévitable. Il y aura quelques escarmouches de part et d'autre, notamment un coup franc à la limite de la surface, que Delort, entré quelques minutes plus tôt, envoie de très peu dehors, à la 123° minute.

Que dire de ce match qu'un journaliste de rfi.fr a jugé " formidable"? Les algériens ont légérement dominé ce bon quart de finale. Les ivoiriens méritaient mieux. Mais sur le terrain comment départager les deux équipes? Il n'y a que la loterie de la séance des tirs au but. Implacable et sans appel. Elle a souri aux algériens (4-3) qui en ont inscrit un de plus que leurs adversaires. Pour ce qui nous concerne, nous avons découvert que face, pour la première fois, à une opposition de très grande valeur, nos sélectionnés ont démontré qu'ils savaient tenir tête et ne pas se laisser décourager, ni par un pénalty raté, ni par le premier but encaissé, deux données importantes qui n'ont eu aucune influence négative sur leur moral. Les 2 000 supporteurs algériens, arrivés le jour-même, par charter, ont joué leur rôle. Ils ne repartent pas déçus. ils seront sans doute aussi nombreux dans 3 jours. Je terminerai en disant que, face à une sélection huppée, nos joueurs ont pu se créer beaucoup d'occasions, mais ils n'en ont concrétisé qu'une seule. Quelle en est la raison ? Le changement du lieu du match? Son horaire? Le fait de ne pas avoir passé la nuit à Suez ? Des réponses sont à apporter.Toujours est-il, qu'il s'agissait là, de la 200° victoire de la sélection algérienne, en 442 matches interafricains amicaux et officiels.

 

                                                                                  Un duel classique avant le Sommet
                                                                                                  Algérie - Nigeria

Dimanche 14 Juillet, au Caire, à 20 heures, l'adversaire de l'Algérie en demi-finale sera le Nigeria, une autre vieille connaissance, qui s'est qualifié (2-1) aux dépens d'une vaillante Afrique du Sud. Ce sera la septième demi-finale de notre sélection, la quinzième pour le Nigeria. Les deux pays en sont tous deux à 18 participations, au cours desquelles notre futur adversaire n'a raté que 3 podiums. C'est la preuve, s'il en fallait une de plus, que dimanche, en face de l'Algérie, il y aura ce qu'il ya de plus performant sur notre continent. Un dernier rappel qui a aussi toute son importance, l'Algérie n'a plus gagné sur le terrain depuis le 16 Mars 1990 !! Presque 30 ans !! Dimanche prochain, sera l'occasion, pour les uns, de poursuivre la série, pour les autres, d'essayer d'y mettre fin.

Dans l'autre partie du tableau, une Tunisie, très fringante, a facilement mis fin (3-0) au rêve de Madagascar et elle retrouvera le Sénégal sur son chemin, pour une autre belle demi-finale. Au vu de ce dernier carré, il est curieux de constater que la hiérarchie de notre continent est quelque peu respectée. En effet, Sénégal,Tunisie et Nigeria sont, dans cet ordre, les trois premières nations africaines, dans le classement FIFA. L'invité surprise, le trublion, c'est donc l'Algérie, qui, elle, n'est que douzième dans le même classement !!

Avec le Nigeria qui nous a éliminés récemment (2016 et 2017) de la course à la Coupe du Monde 2018 en Russie, il y a égalité parfaite dans les bilans statistiques. Pour le bilan général qui ne comprend que des matches officiels, sur un total de 20 matches, on note 8 victoires pour chaque sélection et 4 matches nuls. Dans le cadre précis d'une phase finale de CAN, il y a eu 8 oppositions et là aussi l'égalité est complète, 3 victoires pour chaque pays et 2 matches nuls. Ajoutons qu'il s'agira là de leur seconde demi-finale. La première, gagnée aux tirs au but par le Nigeria, s'était déroulée en 1988 au Maroc. Je rappelle ici, que les rencontres qui s'achévent par une séance de tirs au but, sont comptabilisées en tant que match nul, résultat final au bout de 120 minutes de jeu. Sans omettre de signaler que les deux nations se sont aussi affrontées à l'occasion de deux finales. Et à nouveau, partage des victoires, une en 1980 pour le Nigeria, une pour l'Algérie en 1990.

Lors de la conférence d'avant match, Gernot ROHR, le franco-allemand, sélectionneur du Nigeria adéclaré: "On a rencontré une Algérie fragile en 2016...ce que je vois maintenant, c'est une équipe solide...qui a été la meilleure de la phase de poules..." De son côté, Djamal Belmadi a estimé " pas de favori, pas d'outsider, le plus fort s'imposera... Il y a trente ans que nous n'avons pas gagné une finale...nous avons l'ambition de faire aussi bien que l'ancienne génération..."

 

                                                                                    

Un coup-franc, exécuté magistralement par Ryad Mahrez à la 95° minute du match, a envoyé la sélection algérienne en finale de la CAN, après 29 années de disette ! Et pourtant ! Cela aurait dû arriver bien avant , dès la première demi-heure. En effet , Bounedjah (7'),Bennacer (10'), Bensebaïni (16'), Bounedjah , encore lui (29',32',35') auraient pu mettre leur équipe à l'abri face à un adversaire nigerian, présent-absent. Les algériens étaient partout, ils avaient la maîtrise technique, la domination du ballon et des espaces, la fluidité entre les lignes. Après 40 minutes, le déclic sera enfin créé par Mahrez. Un Mahrez qui, jusque-là, avait joué à la baballe avec Zeffane, Feghouli, ou Guedioura, s'est enfin décidé à déborder sur son flanc droit et sortir son arme secrète, faite de passements de jambes et de crochets fulgurants. Son vis à vis nigerian, le malheureux Collins est subitement laissé sur place, deux mètres derrière. Le centre, vers la surface, qui a suivi, sera légérement dévié par un défenseur à destination du ventre, oui du ventre, de son défenseur central. Le ballon, ainsi doublement contré, finira sa course dans les filets. 1-0. But de Troost-Ekong contre son camp. Six tentatives classiques n'avaient pas porté leur fruit, c'est un double coup de billard qui aura permis d'ouvrir le score. Sans doute, les caprices de Dame Coupe et de la balle ronde en général. En tout cas un avantage, largement justifié, pour les algériens, partis sur les chapeaux de roue.

Dès la reprise, on retrouvera les nigerians qui vont avoir de longues séquences de possession, de domination territoriale, sans toutefois constituer une quelconque menace directe sur les buts algériens. Vingt minutes avant le terme du match, un tir du milieu Etebo, touche le bras de Mandi, au bord de la surface. Hésitation, puis consultation de la VAR qui confirme et l'arbitre gambien Gassama, accorde le pénalty. Il est habilement et calmement transformé par Ighalo. Cela nous a permis de voir finalement Ighalo, tout à fait inexistant jusqu'alors à l'image de ses " alter ego " de l'attaque, Moussa, Iwobi, ou Chukwueze, tous mis sous l'éteignoir.

Avant le match on craignait pour les nôtres qui avaient disputé une prolongation et un match plein contre la Côte d'Ivoire. Le Nigeria avait bénéficié d'un jour de repos en plus. En réalité, il n'en a rien été. Ce sont les nôtres qui, en fin de rencontre, se créeront les meilleures occasions. A la 89', Feghouli, oublie Mahrez, bien démarqué à sa droite et tire au dessus de la barre transversale. Une minute plus tard, c'est Mahrez qui oublie de tirer, après un petit slalom , réussi dans la surface. Le temps additionnel est de 5 minutes. A la 92°, Bennacer, malchanceux, voit son tir des 25 mètres, renvoyé par la barre. Et trois minutes plus tard, Bennacer, résolument offensif, est abattu à l'entrée de la surface adverse. Il obtiendra ainsi la faute qui permettra à Mahrez de faire la décision. Placée sur la droite, cette faute est juste là où il faut, à la distance qu'il faut, idéale pour un gaucher. Mahrez tient le ballon entre les mains. Bounedjah et Belaïli s'approchent. Mahrez, l'oeil toujours vers les buts, leur indique que c'est lui qui va frapper. Il semble très concentré. Je suis sûr qu'il a bien vu la faille qu'il y avait dans le dispositif défensif du gardien Akpeyi. Il y a , en effet, du côté ouvert, un gros espace bien dégagé et le gardien ne le couvre pas entièrement. Mahrez , attentif serein et appliqué va réussir sa frappe puissante et quasiment dans la lucarne. Un modèle de précision, un vrai joyau, qui signifiait la délivrance logique et appropriée.

A propos de ce ce coup-franc, le sélectionneur du Nigeria a estimé : "un merveilleux coup-franc de la part d'un joueur de génie". Jonathan Wilson, a, lui, écrit dans The Guardian :" Le tournoi attendait Ryad Mahrez et en demi-finale, il est finalement arrivé ... non pas qu'il a été mauvais... il a marqué 2 buts et a fonctionné de manière efficace au sein d'une ligne d'attaque techniquement douée, c'est seulement qu'il n'avait pas eu de match dans lequel il a joué un rôle décisif évident."

Une victoire qui semble être "arrachée par les cheveux", mais elle fut parfaitement méritée. Les nôtres ont su allier le talent et la détermination, la rage de vaincre et les prouesses techniques, une solidarité de tout instant et une solidité défensive rassurante. Et, fait quasiment unique, Belmadi n'a pas cru nécessaire d'effectuer le moindre remplacement, dans son onze de "gala" présent au coup d'envoi. Ils sont donc en finale de la CAN, après 29 ans et 3 mois. Moribonde depuis bientôt plus de 5 années, cette sélection s'est, en moins de douze mois, forgée un nouvel état d'esprit conquérant et une cohésion sans faille, grâce au travail de Djamal Belmadi. Un sélectionneur, qui s'est fixé pour but de remettre, au sommet, l'Algérie du football. Avec une main de fer, dans un gant de velours, il a imposé des choix et pris des décisions que d'autres avant lui, n'ont jamais osé tenter. Il a su se faire aimer de ses joueurs qui chantent son nom dans les vestiaires.

  Au cours de cette demi-finale, Belmadi n'a effectué aucun remplacement, fait rarissime, sans doute une "première", dans le football   moderne actuel et à ce stade d'une compétition internationale.

Au soir de cette qualification pour la troisième finale de CAN de l'Algérie, Djamal Belmadi a remercié et félicité ses joueurs avant d'ajouter à l'adresse des supporteurs :" Je ne suis pas un faiseur de miracles, ni un magicien, mais je vous promets qu'on continuera se se battre comme on l'a fait jusqu'ici". Pour sa part, Gernot Rohr a reconnu "la victoire de la meilleure équipe".

Une finale de la CAN Egypte 2019, au cours de laquelle, les algériens "croiseront le fer" avec les sénégalais, leurs compères du groupe C, vainqueurs de la Tunisie (1-0) en demi-finale. Elle aura lieu vendredi 19 Juillet, à 20 heures, au Stade international du Caire.

 

 [Ouvrons ici une parenthèse, pour dire que la CAN 2019 n'est pas encore terminée, que la CAF a déjà procédé au tirage au sort des groupes de qualification pour la CAN suivante, prévue au Cameroun en 2021. Dans le groupe  H, les adversaires de l'Algérie seront la Zambie, le Zimbabwe et le Botswana. Trois pays, voisins entre eux, d'une zone, en Afrique australe, bien éloignée d'Alger. On en reparlera.]

 

                                                                                    Chronique d'une finale inédite
                                                                                              Algérie - Sénégal

Comme il est d'usage, avant le début de cette CAN 2019, un certain nombre de pays avaient été installés dans le rôle de favoris. Le Sénégal était du nombre. Il justifie donc les attentes et sa place de nation africaine numéro une dans le classement mondial FIFA. L'Algérie, elle, figurait en tant qu'outsider. Mais elle a, au fur et à mesure, gagné sa place de finaliste, en même temps que l'estime et la considération de tout le monde. Elle atteint sa troisième finale de CAN, après celle perdue 0-3, à Lagos en 1980,contre le Nigeria et celle gagnée 1-0 à Alger, face au même Nigeria. Le Sénégal jouera là sa seconde finale de CAN après avoir perdu, aux tirs au but, celle de 2002, face au Cameroun.

Historiquement et sur le plan des statistiques ( nous les avons déjà citées plus haut), l'Algérie posséde un avantage réel (12 victoires contre 4 défaites). Néanmoins, dans une telle rencontre au sommet, tout est possible et les pronostics ne peuvent être qu'hasardeux, même si l'on sait que l'Algérie peut disposer d'un petit avantage, pour l'avoir emporté en phase de groupes, il y a de cela trois semaines. Mais justement, il n'y a rien de plus indécis qu'un second choc entre deux équipes qui viennent à peine de se rencontrer. Surtout lorsque l'on sait qu'un match de poules n'a rien à voir avec une finale continentale. D'autant plus que leur présence à ce stade du sacre final, ne doit rien, ni au hasard, ni à la chance. Elles ont, toutes deux, présenté la meilleure impression générale, le meilleur visage, sur les plans du jeu, de la cohésion et de la solidité. Elles ont également, toutes deux, et à juste titre, bon espoir de finir en beauté. A la veille de la finale, les deux sélectionneurs n'ont pas dit autre chose en exprimant un respect réciproque, pour le futur adversaire. Nés à un jour d'intervalle (24-25) au mois de Mars, de la même année 1976, Aliou Cissé et Djamal Belmadi, alors qu'adolescents, ils jouaient au football, dans la commune du Val de Marne, où ils ont grandi, n'avaient jamais pensé que le destin les conduiraient là, ensemble, au plus haut niveau du football africain. Au Maghreb, on appelle cela El Mektoub (ce qui était écrit)....

Les supporteurs algériens se sont mobilisés autant qu'ils ont pu, venus d'Algérie, mais également d'Europe ou d'Amérique. Un groupe de 6 personnes a bravé tous les dangers en regagnant Le Caire en voiture ! Eh oui en voiture, n'hésitant pas à traverser la Libye réputée agitée depuis 8 années. Ils sont arrivés à bon port. Souhaitons-leur un retour sans histoire. Les autorités y ont aussi la main tout de suite après la qualification pour les 1/8 de finale et les 1/4 de finale. Pour la finale, 28 avions, 19 civils et 9 militaires, ont été réquisitionnés, pour transporter environ 5 000 nouveaux fans, qui viendront s'ajouter à ceux déjà présents. A titre de comparaison, le pont aérien à destination de Khartoum, en 2009, avait rassemblé 52 avions sur une durée de 6 jours.

Pour les supporteurs algériens, l'entrée sera finalement gratuite, la Fédération algérienne de football, ayant signé un accord avec le Comité d'organisation de la CAN, afin de prendre en charge le prix des tickets pour la finale. Le passeport algérien sera suffisant pour entrer au stade. Pour ceux restés en Algérie, les collectivités locales, des entreprises, ont aussi relevé le défi. En effet, on ne comptera pas moins de 3000 écrans géants qui diffuseront gratuitement la finale, dans des stades, des salles, ou carrémént en plein air, dans des places publiques.

Le décor étant planté, le match pouvait commencer. Et il le fera à 100 à l'heure ! L'Algérie présente son onze de "gala", le Sénégal est privé de son plier central, Khalidou Koulibaly. Après 35 secondes c'est le Sénégal qui va se montrer tout de suite menaçant, en obtenant même un corner, mais sans concrétiser. Les algériens se dégagent et remontent le ballon. Sur le flanc gauche, dans le camp sénégalais, Ismaël Bennacer, s'empare de la balle pour servir immédiatement Bounedjah. Lequel, lancé vers l'avant, va se débarrasser de Sané et, arrivé à l'entrée de la surface,il tire en force. Sa frappe est contrée par le pied du capitaine Kouyaté. Le ballon s'élève dans le ciel, décrit une étrange courbe et finit sa course dans le coin gauche des buts du gardien Gomis. 1-0. Le chrono indique 1 minute et 18 secondes ! Personne ne le pressentait, mais le match était fini !

Après être sortis de leur stupeur, les joueurs sénégalais vont partir à l'assaut du camp algérien. Et cela va durer toute la première mi-temps. Avec quel résultat ? Rien, ou presque rien ! Deux tirs, aussi mous que lointains, finissent dans les bras de M'bolhi. La plus belle occasion sénégalaise n'a pas été exploitée par Mbaye Niang à la 38° minute. Sa belle volée en retourné du pied gauche, ayant frôlé la lucarne gauche des buts algériens, avant de passer au-dessus. M'bolhi était hors de position.

En seconde mi-temps le tempo et le scénario restent les mêmes.Ceux de la première période, domination totale du ballon et des espaces de la part des sénégalais, accompagnée de la même stérilité offensive. A l'heure de jeu, l'arbitre camerounais Alioum Néant, accorde un pénalty à l'équipe sénégalaise, pour un ballon touché, dans la surface par le bras pourtant collé au corps de Guedioura. Mais il va recevoir un appel des responsables de la VAR. Après avoir consulté le petit écran, le referee annule sa décision, malgré les chaudes protestations des sénégalais. Quatre actions qui retiennent l'attention vont suivre . A la 66° minute, Niang, idéalement servi, échappe à la défense algérienne, contourne le gardien M'bolhi, mais son tir rate la cible vide d'au moins 3 mètres ! Trois minutes plus tard, le latéral gauche sénégalais Sabaly frappe en force en direction des buts. M'bolhi, vigilant, détourne en corner. Une des rares incursions algériennes en territoire adverse, va permettre à Belaïli d'adresser, à la 74°minute, un très beau tir, bien cadré et qui aurait pu faire mouche, s'il n'avait pas été détourné en corner par la tête d'un joueur sénégalais. A la 83° minute, c'est Kouyaté qui aura la possibilité d'égaliser, sauf que sa frappe s'envole largement au-dessus des buts algériens.

C'est tout, chers amis ! On souhaite toujours assister à une belle finale ! Mais dans ce match tendu, crispé et fermé, il ne s'est rien passé d'autre, je vous l'assure, si l'on excepte les très nombreuses fautes, certaines bien placées, dont l'équipe sénégalaise n'a pas su tirer profit. Après le but très précoce de Bounedjah, nos joueurs n'ont plus rien tenté. Ils ont laissé toute l'initiative à leurs adversaires. Une initiative qui aura duré 92 minutes, sans que les sénégalais se montrent capables de renverser la vapeur en leur faveur. Un état de fait reconnu par leur sélectionneur Aliou Cissé qui, à la fin du match, a déclaré :"On a eu des situations, mais on a manqué de lucidité... Face à une équipe qui a joué très bas, on n'a pas su trouver la solution..."

L'outsider algérien a été couronné une seconde fois. Après un long passage à vide de près de 30 années. Le premier et l'unique trophée algérien avait été conquis en 1990, à une époque où 13 joueurs, sur les 23, présents dans le groupe de Belmadi, n'étaient pas nés ! Notre sélection a sans doute raté sa finale, mais sans la perdre. Au vu de ce qu'elle a présenté pendant ce tournoi, cette consécration est méritée. Il ne doit subsister aucun doute à ce sujet. Notre sélection s'est avérée être la meilleure équipe de cette CAN 2019. En 7 matches, elle n'a pas subi le moindre revers et, battu, par deux fois le Sénégal, formation pourtant redoutable, classée meilleure nation africaine, qui n'a pas su ni pu trouver la clef du succès final.

Ce n'est que justice de rendre hommage à Djamal Belmadi, même si lui, préfère encenser ses joueurs " pour leur travail extraordinaire". Et il a raison de les féliciter. Ils ont été présents, ils ont été solides. Ils ont fait preuve d'une grande solidarité et d'une grande cohésion, même dans les moments les plus difficiles, face notamment à la Côte d'Ivoire ou au Nigeria. Ils ont adhéré, sans réserve aucune, aux directives de leur entraîneur, dont la très grande et légitime ambition, ne s'est jamais départie d'une très grande humilité et d'un profond respect pour les adversaires successifs. Il faut le remercier pour avoir su créer, autour de lui et dans son groupe, une atmosphère saine et vide de tensions internes. Et cela n' a pas dû être aisé avec des joueurs démobilisés et désorientés par quasiment 5 années de "vaches maigres", pour ne pas dire plus, ballottés par l'invraisemblable hécatombe de sélectionneurs, pour des résultats peu flatteurs.

La dernière défaite de ce groupe nouveau, avait eu lieu (0-1) à Cotonou, en Octobre 2018, face au Bénin. Depuis lors, ce sont 13 matches consécutifs (9 officiels et 4 amicaux) sans aucune défaite. Jamais dans son histoire, notre sélection n'avait accumulé autant de résultats positifs. L'Algérie termine avec la meilleure attaque (13 buts) et partage, avec le Sénégal, le titre de meilleure défense (2 buts) . Il est intéressant de constater ici, que ces chiffres (13 contre 2 ) sont les mêmes qu'en 1990 ! Et les résultats de la demi-finale (2-1) et de la finale (1-0) , sont également identiques à ceux de 1990.
 
Notre sélection a aussi récolté des trophées individuels, Ismaël Bennacer, a été élu meilleur joueur du tournoi, M'bolhi, meilleur gardien de but et Djamal Belmadi, meilleur entraîneur.

Les médias ont favorablemùent accueilli cette victoire: Sur le plan national d'abord : Liberté : "Les verts, maîtres de l'Afrique" ; El Moudjahid : "L'Algérie, au firmament de l'Afrique"; Le buteur.com: "Belmadi et ses guerriers, rois d'Afrique" ; El Watan : "L'Algérie sur le toit de l'Afrique"; Compétition.dz : "Un champion pharaonique".

A l'étranger l'événement a été bien suivi et apprècié : France football.fr :" L'Algérie retrouve les sommets de l'Afrique" ; L'Equipe.fr: "Des Fennecs plus ultras" ; Rfi.fr: " L'Algérie dompte le Sénégal et régne à nouveau sur l'Afrique" ;

Marca.com (Espagne) " L'Algérie se couronne reine d'Afrique 29 ans après" ; The Guardian (Angleterre) "l'Algérie remporte sa deuxième CAN, après le coup de chance de Bounedjah" ; La Gazzetta dello Sport (Italie) :" La deuxième de l'Algérue qui triomphe en finale.....avec
un clin d'oeil pour le futur joueur du Milan AC :  "L'été magique de Bennacer, qui gagne la CAN et est élu meilleur joueur du tournoi ".

Le retour au pays fut réellement fabuleux, impressionnant, inoubliable, au milieu d'une liesse et d'une ferveur populaires sans égales.

Conséquence naturelle de son excellent parcours lors de la CAN 2019, notre sélection a effectué une très belle progression dans le classement FIFA publié fin Juillet 2019. Sur le plan mondial, elle passe de la 68° place à la 40° en cumulant un total de 1463 points, soit un gain de 28 places et de 117 points. Sur le plan africain, elle gagne 8 places et se retrouve 4°, derrière le Sénégal, la Tunisie et le Nigeria.

Tout ceci remet l'Algérie dans une position plus conforme et est de bon augure avant le tirage au sort des qualifications (Zone Afrique) pour le Mondial 2022, prévu le lundi 29 Juillet 2019. Celui-ci n'a finalement concerné que les 28 nations les moins bien classées. Elles ont été tirées au sort pour se rencontrer dès le mois de Septembre 2019. Les 14 qualifiées iront rejoindre les 26 autres nations restantes, mieux classées. Les 40 seront réparties, par un futur tirage au sort, entre 10 groupes de 4 équipes chacun. Les matches de groupes débuteront en Mars 2020 et se poursuivront jusqu'au mois d'Octobre 2021. Les 10 vainqueurs de groupes prendront ensuite part à des barrages,durant le mois de Novembre 2021. Les 5 vainqueurs de ces ultimes confrontations représenteront le continent africain, lors de la Coupe du Monde 2022.

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